Libre-échange. L’accord avec le Chili suscite l’indignation
Uniterre fustige la modernisation de l’accord de libre-échange signé fin juin 2024 avec le Chili. Le syndicat appelle à s’opposer à la libéralisation des marchés pour protéger la production agricole indigène.
Partager
Comm
24 juillet 2024 à 11:18
Après la conclusion de l’accord de libre-échange avec l’Inde, la Confédération a signé, le 24 juin 2024, un nouvel accord avec le Chili, qui élargit celui signé en 2003. Le Parlement devra encore se prononcer à son sujet. L’accord modernisé ne pourra entrer en vigueur qu’après une approbation interne au Chili et en Suisse.
Dans un communiqué publié le 23 juillet, le syndicat agricole Uniterre dénonce ce qu’il considère comme la poursuite d’une libéralisation «débridée» des marchés par les autorités fédérales. L’organisation rappelle que la Suisse importe déjà de nombreux fruits, légumes et vins chiliens, un pays situé à 12 000 km du territoire helvétique.
Un «scandale absolu», selon Uniterre, alors que la Confédération s’active pour limiter le réchauffement climatique. «Malheureusement, encore une fois, les faits contredisent ces engagements pris au niveau du gouvernement pour une société plus durable et pour renforcer la production indigène», déplore le communiqué.
Les importations actuelles
En 2023, la Suisse a importé des fruits, dont des avocats, des pommes, des petits fruits comme des framboises et du raisin de table ainsi que différentes noix, pour une valeur de 33 millions de francs. L’accord avec le Chili prévoit d’accorder un contingent exempt de taxes douanières de 1000 tonnes pour du raisin de table entre janvier et juin. Quelque 97 tonnes d’ail, d’échalotes ou d’oignons ont également été importées l’an dernier.
Concernant le secteur viticole, un droit d’importation de 1,5 million de litres hors droits de douane est accordé au Chili. «Cela exercera une pression supplémentaire sur la production viticole suisse, déjà mise en péril par des importations à bas prix qui ne tiennent pas compte du marché indigène», souligne Uniterre.
Le libre-échange en question
Pour le syndicat, il est «urgent d’exclure l’agriculture des accords de libre-échange, mais également de reconsidérer en général le transport globalisé de marchandises qui détruit les secteurs productifs suisses et européens sans prendre en compte les conditions sociales de production ni les effets sur l’environnement.»
Au Chili également, le libre-échange suscite la polémique. Plusieurs dizaines d’organisations de la société civile regroupées sur la plateforme contre les traités de libre-échange dénoncent la mainmise, sur les marchés publics, de l’énergie et des matières premières du Chili, tout particulièrement l’hydrogène, le lithium et le cuivre dans une logique d’extractivisme.
«Pour l’agriculture chilienne, cela signifie plus de monocultures intensives gourmandes en eau et une perte de la souveraineté alimentaire», ajoute Uniterre, qui appelle toutes les organisations de la société, partis politiques inclus, «à s’opposer par tous les moyens à cette logique de libre-échange qui détruit systématiquement les productions locales et la souveraineté alimentaire des pays concernés.»