Alpage. En montagne, s’adapter à un monde qui change
Depuis trois ans, la station d’essais Agriculture de montagne et d’alpage aide les exploitations d’altitude à faire face à des conditions de production toujours plus exigeantes. Les premiers résultats ont été présentés par Agroscope aux médias le 2 juillet, dans les Grisons.
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Comm
2 juillet 2024 à 11:23
Le changement climatique modifie la quantité et la qualité du fourrage pour les ruminants. Forte de ce constat, la station d’essais Agriculture de montagne et d’alpage développe des mélanges fourragers combinant résistance à la sécheresse et productivité. Les scientifiques d’Agroscope testent neuf nouveaux mélanges sur cinq sites des cantons partenaires (BE, GR, TI, UR, VS).
Résultats encourageants
Ces mélanges contiennent une forte proportion d’espèces productives, complétées par d’autres espèces communément utilisées. Des espèces plus résistantes à la sécheresse y sont incorporées en proportions variables. Les premiers résultats sont prometteurs, indique Agroscope dans un communiqué paru le mardi 2 juillet: même en conditions sèches, les mélanges contenant des espèces résistantes ont produit jusqu’à 44% de fourrage de plus que les mélanges de référence.
Pour mieux comprendre la résistance des mélanges au manque d’eau, une simulation de sécheresse sera réalisée durant les étés 2024 et 2025 sur le site du canton de Berne. La moitié des mélanges recevra les précipitations locales, l’autre moitié subissant une sécheresse extrême, simulée grâce à des tunnels maraîchers.
Quatorze alpages sous la loupe
L’impact du changement climatique sur le fourrage exige également une mise à jour des normes établies pour calculer la charge optimale en bétail sur l’alpage, souligne Agroscope. Un projet de cinq ans évalue notamment le rendement et la qualité du fourrage sur quatorze alpages dans les Alpes et le Jura, représentatifs de la diversité géo-climatique.
Les observations révèlent une riche diversité des plantes alpines, avec plus de 300 espèces répertoriées en 2023. Mais cette diversité s’accompagne d’une grande vulnérabilité: deux tiers des espèces ne sont présents que dans quelques parcelles, et un tiers n’a été observé qu’une fois.
Nouvelles technologies
La station d’essais analyse également le potentiel des technologies modernes pour alléger la gestion des troupeaux en zone de montagne. Leur rentabilité est aussi étudiée.
Par exemple, les drones pourraient améliorer la surveillance des troupeaux en terrains escarpés, réduisant le temps et l’effort nécessaires pour contrôler les animaux. Équipés de caméras et de capteurs, ces engins pourraient permettre une surveillance précise et rapide, notamment pour une gestion optimale des animaux face aux grands prédateurs.
Quant aux clôtures virtuelles (encore non autorisées en Suisse), elles usent de colliers équipés de GPS pour créer des limites non physiques aux pâturages. Un essai d’Agroscope montre que les animaux s’adaptent rapidement à ces enceintes virtuelles. Le sujet doit encore être étudié davantage avant d’envisager son usage dans la pratique, souligne Agroscope.