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Politique agricole

Génie génétique. Lancement d’une initiative pour préserver l’agriculture des OGM

Le génie génétique doit être encadré par des règles strictes. L’association pour des aliments sans OGM, avec le soutien de plusieurs organisations dont Bio Suisse, a lancé mardi 3 septembre son «Initiative pour la protection des aliments».

Maïs Bt dans une serre d’Agroscope.Mario Waldburger, Agroscope

ATS

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4 septembre 2024 à 08:26

Temps de lecture : 2 min

Les initiants demandent que les organismes génétiquement modifiés soient clairement identifiés et étiquetés et que les consommateurs puissent décider s’ils veulent en consommer ou pas.

Alors que certains souhaiteraient des règles assouplies pour les plantes modifiées par les nouvelles techniques génomiques, le conseiller national Fabien Fivaz (NE/Vert-e-s) a, au contraire, souligné l’importance de soumettre tous les OGM, peu importe la technique utilisée pour les produire, à des règles strictes. Sinon les consommateurs vont se retrouver avec des OGM dans leur assiette sans le savoir, a-t-il averti.

Selon la présidente de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique et conseillère nationale Martina Munz (PS/SH), 70% de la population ne souhaiterait pas d’OGM dans son assiette. Le texte réagit aussi à l’annonce, en février 2024, de l’assouplissement de la législation européenne concernant des végétaux issus de biotechnologies génomiques.

Principe de précaution

L’initiative demande également un examen des risques de tous les produits autorisés conformément au principe de précaution, a encore indiqué Mme Munz.

Une libéralisation des OGM entraînerait de nouveaux risques pour les agriculteurs bio. En cas de contamination de leurs champs par des OGM, leurs récoltes pourraient être déclassées et les paiements directs supprimés, a expliqué le président de Bio Suisse Urs Brändli.

«Il faut donc que les responsabilités soient clairement définies et qu’une coexistence ne se fasse pas au détriment de ceux qui renoncent aux OGM», a-t-il ajouté. L’initiative fixe les lignes rouges au bon endroit, a complété Vanessa Renfer, paysanne membre d’Uniterre.

«Stratégie gagnante»

Les dispositions transitoires de l’initiative stipulent que le moratoire contre les OGM doit être maintenu jusqu’à ce que ses exigences soient réalisées.

Actuellement, la culture d’OGM n’est autorisée en Suisse qu’à des fins de recherche. Quatre OGM sont aussi autorisés en tant qu’aliments pour animaux. Le moratoire sur l’utilisation de ces organismes dans l’agriculture est en vigueur depuis l’acceptation d’une initiative populaire en 2005. D’une durée de quatre ans, il a été déjà prolongé quatre fois et court jusqu’en 2025.

Le moratoire a permis une «stratégie gagnante» de l’agriculture, qui a pu miser sur la qualité des produits, plutôt que sur la quantité, ce qui a aussi permis de valoriser les coûts de production élevés en Suisse, a relevé Fabien Fivaz. Et d’ajouter que la Suisse devrait investir davantage dans la sélection naturelle et les nouvelles techniques de production, par exemple l’agroécologie.

Les initiants ont jusqu’au 3 mars 2026 pour récolter les 100 000 signatures nécessaires.