Biodiversité. Les alpages, réservoirs de biodiversité et de services écosystémiques
Les alpages fournissent bien plus que du fromage. Une étude réalisée par Agroscope et l’Université de Fribourg-en-Brisgau met en lumière leur rôle clé dans le stockage du CO2, le soutien à la biodiversité et l’apport de nourriture pour les pollinisateurs.
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Comm
16 octobre 2024 à 15:21, mis à jour à 15:22
Les alpages sont des écosystèmes multifonctionnels essentiels pour les zones de montagne. Ils assurent une série de services écosystémiques, allant de la production de fourrage pour les animaux à la préservation de la biodiversité, en passant par l’atténuation du changement climatique et la fourniture d’un cadre paysager attrayant pour le tourisme. En Suisse, ils couvrent un tiers des terres agricoles utilisées.
La recherche réalisée par Agroscope et l’Université de Fribourg-en-Brisgau s’est penchée sur 66 sites de pâture sur six alpages situés dans le nord des Préalpes et en Engadine.
Forte variabilité
Les résultats, publiés début octobre 2024 dans la revue Agriculture, Ecosystems and Environment, montrent une forte hétérogénéité des services écosystémiques à l’échelle locale, avec des variations importantes d’une parcelle à l’autre au sein d’un même alpage, souvent plus significatives que les différences observées entre les régions étudiées. Par exemple, la quantité de fourrage produit varie de 27 à 843 g/m², et le nombre d’espèces végétales observées va de 17 à 75 par parcelle de 25 m².
Au total, 327 espèces de plants différentes ont été comptabilisées sur les 66 sites de pâture. Cette variabilité est attribuée aux microdifférences dans les conditions du site (pente, fertilité du sol, acidité), le climat (température, précipitations) et les pratiques de gestion (intensité du pâturage, éloignement des bâtiments de l’alpage).
Le rôle des vaches
L’exploitation par les animaux et leur déplacement jouent également un rôle: les sites où l’entretien est plus important offrent une plus grande quantité de fourrage. Les données GPS ont montré que les vaches privilégient les sites où la quantité et la qualité du fourrage sont élevées. En restant plus longtemps sur ces sites, les animaux y répandent davantage d’excréments et donc d’éléments nutritifs.
Il en résulte une augmentation de la quantité de fourrage, ce qui attire à nouveau les animaux. L’étude souligne en conclusion que tant qu’un alpage n’est ni surexploité ni sous-exploité, la diversité des services rendus est préservée. L’hétérogénéité des pâturages alpins permet la coexistence de multiples services écosystémiques, un atout majeur pour ces paysages montagneux.