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Animaux

Filière avicole. Les poussins mâles ne seront plus tués à la naissance

Dès 2025, la filière avicole suisse utilisera une méthode non invasive permettant de déterminer le sexe du poussin avant l’éclosion des œufs. La Suisse fait office de pionnière en la matière

Les installations techniques nécessaires seront mises en service dans les deux grands couvoirs de Suisse à partir de début 2025.Istock

Comm

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2 septembre 2024 à 15:10

Temps de lecture : 3 min

Pour la production d’œufs, une femelle pond plusieurs centaines d’œufs par an. Ce n’est pas le cas des mâles, qui ne peuvent ni pondre d’œufs ni développer de la viande. Pour les agriculteurs, leur élevage n’est pas rentable. Ils sont donc tués après éclosion de l’œuf.

Grâce à la détermination du sexe in-ovo au moyen d’une technologie d’imagerie spéciale, il est désormais possible de procéder autrement: le sexe des poussins peut être déterminé au 11e et au 12e jours de l’incubation, ce qui permet d’éviter la mise à mort après la naissance, a indiqué GalloSuisse vendredi 30 août dans un communiqué. La solution trouvée avec l’ensemble des acteurs de la chaîne de création de valeur permet de faire «un énorme pas en avant» et constitue «une étape clé» sur un sujet éthiquement controversé, a-t-elle ajouté.

Dans l’agriculture conventionnelle, le passage à cette nouvelle méthode se fera en une seule étape. Les installations techniques nécessaires seront mises en service dans les deux grands couvoirs de Suisse à partir de début 2025 et monteront progressivement en puissance. D’ici fin 2025, les processus devraient être bien rodés et «fonctionner à plein régime».

La Suisse est ainsi le premier pays au monde dans lequel l’ensemble de la filière avicole a pu se mettre d’accord sur une solution indépendante et aboutie pour tout le pays. Cette solution est «adaptée sur les plans écologique, économique et éthique», ajoute le communiqué.

Avant la sensation de douleur

Le dispositif de détermination du sexe in-ovo de l’entreprise munichoise Orbem et de son partenaire Vencomatic Group, spécialiste de l’automatisation permet de voir à l’intérieur de l’œuf intact afin de déterminer le sexe de l’embryon. L’intervention a lieu les 11e et 12e jours de l’incubation, c’est-à-dire avant que l’embryon ne commence à ressentir la douleur. Le processus repose sur la technologie d’imagerie intelligente «Genus Focus», qui combine l’imagerie par résonance magnétique (IRM) accélérée et l’intelligence artificielle (IA).

Les acteurs de l’ensemble de la chaîne de valeur se sont engagés à intégrer les coûts de cette mesure dans le calcul des prix à partir du 1er janvier 2025 et à les financer par l’intermédiaire des œufs. Le coût total de la détermination du sexe in ovo est communiqué de manière transparente et s’élèvera à 3 francs par poussin femelle (hors TVA).

Selon GalloSuisse, il faut s’attendre à ce que les œufs commercialisés en vente directe coûtent jusqu’à 1,5 centime plus cher, selon la catégorie. En ce qui concerne la fixation du prix de vente, chacun reste «libre et indépendant», comme par le passé.

«Coqs frères»

La nouvelle méthode ne sera en revanche pas utilisée dans le secteur bio. L’abandon de la mise à mort des poussins se fera progressivement par l’élevage des «coqs frères des lignées de ponte» (les poussins mâles) et par l’élevage de «poules à deux fins», qui servent à produire à la fois de la viande et des œufs.

La viande de poulet de chair issue de frères coqs diffère de la viande de poulet conventionnelle en termes de texture et de goût. «L’objectif doit être de positionner les produits fabriqués à partir de viande de frères coqs comme des produits de qualité premium», soutient Bio Suisse. Actuellement, plus de la moitié des coqs frères sont déjà élevés. D’ici fin 2025, les directives bio prévoient un pourcentage de 100%, précise le texte.

Le broyage mécanique des poussins mâles est interdit en Suisse depuis le début de l’année 2020. Les producteurs peuvent en revanche utiliser le gaz pour les éliminer.