Alimentation. Pas d’interdiction de la viande artificielle en Suisse
La viande artificielle produite à partir de cellules souches ne sera pas interdite en Suisse. Le Conseil national a rejeté mercredi 25 septembre, par 135 voix contre 51, une motion en ce sens de Pierre-André Page (UDC/FR). Celui-ci n’a même pas convaincu l’ensemble de son parti.
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ATS
25 septembre 2024 à 13:33, mis à jour à 13:36
Pour le député Fribourgeois, l’appellation «viande» est totalement trompeuse pour le consommateur. «Il croit acheter une cuisse, mais c’est une aile.» Par ailleurs, «nous n’avons aucun recul sur la dangerosité au niveau sanitaire».
Pierre-André Page a encore appelé à défendre «nos propres élevages qui produisent dans le respect des traditions». «Nous avons de magnifiques paysages parce qu’ils sont utilisés par les bovins. Si nous abandonnons la production de viande bovine pour une production artificielle, nous perdrons ces paysages et les forêts reprendront le pas.»
Pas de la «viande»
Le Fribourgeois a rappelé qu’il n’est pas contre les nouvelles technologies, mais nous ne pouvons pas appeler ces produits «viande». La ministre de la santé Elisabeth Baume-Schneider l’a rassuré: «Ces nouveaux produits ne peuvent pas être désignés comme viande.»
Par ailleurs, leur mise sur le marché est soumise à un processus d’approbation particulier et strict. Ils doivent porter une dénomination descriptive spécifique comme «produit à base de cellules souches animales». La Suisse dispose déjà de tous les éléments pour éviter la mise en danger des consommateurs, selon le gouvernement.
Forte empreinte carbone
La viande cultivée en laboratoire serait en outre nocive pour la planète, plus que l’élevage traditionnel. En 2023, une étude non relue par les pairs publiée sur la plateforme en libre accès bioRχiv jetait le trouble.
Obtenue en mettant en culture des cellules souches de muscles de bovins, la viande de synthèse est en effet souvent présentée comme plus respectueuse de l’environnement parce qu’elle utilise moins d’antibiotiques, d’eau, de surface de terrain, génère moins de gaz à effet de serre et ne nécessite pas l’abattage des bêtes. Un article du Courrier International souligne cependant que le processus de création de cette «viande» a une forte empreinte carbone.
Il faut notamment faire fonctionner des laboratoires pour extraire les facteurs de croissance des sérums animaux et cultiver des plantes pour obtenir des sucres et des vitamines. À cela s’ajoute l’énergie nécessaire pour extraire et purifier tous ces ingrédients selon des normes rigoureuses avant de les administrer aux cellules souches de muscles de bovins en croissance. In fine, «chaque kilo de viande artificielle pourrait avoir une empreinte de 4 à 25 fois plus élevée que celle d’un kilo de viande de bœuf».