Logo

Politique agricole

Votations. Le peuple rejette l’initiative Biodiversité

La Suisse n’a pas besoin d’en faire plus pour protéger la biodiversité et la nature. Le peuple a refusé dimanche l’initiative populaire «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage» (initiative Biodiversité) par 63,03% des voix, selon les résultats finaux.

Les citoyennes et citoyens de Suisse ont été 63% à faire clairement échouer l’initiative extrême sur la biodiversité.iStock

Comm

Comm

23 septembre 2024 à 08:38, mis à jour à 08:47

Temps de lecture : 3 min

Une nette majorité de la population et 24 des 26 cantons ont dit non à l’initiative biodiversité, dimanche 22 septembre. Seuls Genève (51,2%) et Bâle-Ville (57,7%) ont donné leur aval à l’initiative. Le non a recueilli 1 579 267 voix, tandis que 926 208 citoyennes et citoyens suisses ont glissé un oui dans l’urne.

Le non est le plus faible à Neuchâtel (56,2%) et dans le canton de Vaud (60%). Le Jura refuse à 64,8%, Fribourg à 65,7% et le Valais à 73,9%. Le rejet se monte à 64,2% au Tessin et à 61,7% à Berne.

Ailleurs en Suisse alémanique, la part de non s’élève à 58,3% à Zurich, le canton le plus peuplé de Suisse. Bâle-Campagne refuse l’initiative à 58,7%. Tous les autres cantons alémaniques font de même à plus de 60%. Le taux grimpe à 74,6% à Appenzell Rhodes-Intérieures, à 75,5% à Obwald, à 75,6% à Uri, à 75,8% à Nidwald et à 76,6% à Schwyz.

Le comité, composé d’organisations de protection de la nature et du paysage, était soutenu par les Vert-e-s, le PS et le PVL. Lors de la campagne, le Conseil fédéral et les opposants ont répété que les bases légales actuelles sont suffisantes pour protéger la biodiversité. Selon l’Union suisse des paysans, ce résultat confirme «qu’il n’y a pas besoin de compléter la Constitution fédérale pour promouvoir la biodiversité. Ce mandat y figure déjà et de nombreuses activités sont en cours.»

Clivage ville-campagne

L’initiative réclamait assez de moyens et de surfaces pour mieux protéger la biodiversité et la nature, même en dehors des zones protégées, ainsi qu’une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti. Elle a fait l’objet d’une campagne tendue, marquée par un clivage ville-campagne.

Seulement quelques dizaines de communes ont dit oui, et ce sont quasiment toutes des villes. En Suisse romande, Lausanne a approuvé le texte à 60,3%, Vevey à 58,7%, Genève à 57,8%, Fribourg à 57,4% ou encore Neuchâtel à 53,9%.

Outre-Sarine, les villes de Berne (68%) et de Bâle (60%) ont plébiscité l’initiative. Soleure, Lucerne, Olten, Aarau ou St-Gall ont aussi dit oui, entre 50 et 60%. De même que toutes les circonscriptions de la ville de Zurich.

À l’inverse, les champions du non se trouvent dans le Haut-Valais et en Suisse centrale. La commune de Zwischbergen (VS), qui comptabilise 31 votes, a enregistré 100% de non à l’initiative. Dans le canton d’Uri, Spiringen a coulé le texte par 95,3% des voix, de même que sa commune voisine Unterschächen (96,3%).

Soulagement des opposants

Pour le Conseil fédéral, le Centre, le PLR, l’UDC, ainsi que les milieux économiques et agricoles, l’initiative allait trop loin. L’Alliance pour le non s’est dite «reconnaissante» que le projet a clairement échoué. «Une acceptation de l’initiative biodiversité aurait limité la production durable d’énergie et de denrées alimentaires indigènes, aurait compliqué l’exploitation de la forêt et de l’espace rural pour le tourisme, et aurait rendu la construction plus chère, voire impossible, en raison de contraintes supplémentaires», a rappelé l’USP dans un communiqué. «L’approvisionnement en produits indigènes s’en serait retrouvé affaibli, et les importations d’énergie, de nourriture et de bois auraient augmenté. De plus, l’initiative aurait réduit les compétences et la marge de manœuvre des cantons et des communes. Une acceptation aurait également entraîné un nouveau transfert de l’empreinte écologique de la Suisse à l’étranger, et donc des dommages pour la faune et la flore dans d’autres pays.»

Le directeur de la faîtière, Martin Rufer s’est ainsi réjoui qu’aucune terre supplémentaire ne sera soustraite à l’agriculture, qui consacre désormais un cinquième de ses surfaces au profit d’une faune et d’une flore diversifiées. «Les agriculteurs ont joué un rôle central dans le rejet de cette proposition», confirme le directeur. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils sont contre la biodiversité.

Le Conseil fédéral continuera à protéger la nature et la biodiversité à l’avenir, avec «prudence et discernement», a assuré le ministre de l’environnement Albert Rösti. Et de rappeler qu’actuellement, la Confédération dépense quelque 600 millions de francs par an pour la biodiversité, une enveloppe qui va être «plus ou moins» maintenue.