Durabilité. Induire la résistance des plantes pour utiliser moins de pesticides
Des biologistes ayant travaillé plusieurs années à l’Université de Neuchâtel (UniNE) font le point sur la «résistance induite» des plantes dans la revue Frontiers in Science. La méthode se présente comme une sorte de vaccination permettant de réduire la dépendance vis-à-vis des pesticides.
Partager
ATS
15 octobre 2024 à 15:58
L’utilisation de pesticides et la culture de plantes modifiées pour contenir un gène de résistance contre un insecte ou un agent pathogène particulier n’est pas viable pour une agriculture à long terme, a indiqué mardi 15 octobre l’UniNE dans un communiqué.
«L’utilisation excessive de pesticides nuit à l’environnement et à la santé humaine», souligne l’institution. «En outre, les insectes et les microbes peuvent évoluer pour surmonter les deux stratégies, ce qui réduit ou même élimine leur efficacité à long terme.»
Pommes de terre, vigne et tomates
Une piste se dessine pour remédier à ces écueils, la résistance induite (RI). «Plus de six décennies de recherche en laboratoire, et plus récemment aussi en champ, montrent que c’est une stratégie très prometteuse pour protéger les cultures», explique la professeure Brigitte Mauch-Mani, retraitée de l’UniNE et auteure principale de l’article paru dans Frontiers in Science, citée dans le communiqué.
Aujourd’hui, la technique a fait ses preuves sur de nombreuses cultures telles que les pommes de terre et la vigne ou encore les tomates et poivrons, entre autres.
La RI consiste à exposer les plantes à certains stress ou stimuli, tels que des virus, des bactéries ou des champignons, qui préparent leur système immunitaire à réagir plus rapidement et plus fortement à de futures attaques, un peu comme un vaccin. Elle stimule la résistance physique ou chimique de la plante, par exemple en renforçant ses parois cellulaires ou en augmentant sa production de composés antimicrobiens.
Solution rapide
La RI ne peut pas guérir des maladies, ni fournir une protection complète. Néanmoins, «elle constitue une alternative à l’utilisation excessive de pesticides et peut contribuer à la mise en place de systèmes agricoles plus durables et plus résistants», avec pour corollaire l’amélioration de la qualité des aliments.
En effet, lorsque les plantes activent leurs mécanismes de défense, elles augmentent la production de métabolites secondaires. Ces composés, qui incluent des polyphénols, des caroténoïdes, des flavonoïdes et d’autres substances antioxydantes, sont reconnus pour leur rôle protecteur contre diverses maladies chroniques chez l’homme, comme les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.
«Dans le cas de maladies et de ravageurs qui ont émergé suite au réchauffement climatique, la RI peut fournir des solutions plus rapides que la sélection traditionnelle», ajoute la chercheuse. Elle se présente également comme une alternative contre les pathogènes et ravageurs pour lesquels il n’existe pas de pesticides efficaces ou dont l’utilisation a été interdite.