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Animaux

États-Unis. Washington appelle à la rescousse pour pallier le manque d’œufs

Les États-Unis, qui cherchent à réduire leur dépendance aux importations, se trouvent obligés de convaincre d’autres pays de leur fournir des œufs pour pallier le déficit de production lié à la grippe aviaire.

Pour éviter que le virus ne se disperse davantage, plus de 30 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis début 2025.iStock

ATS

ATS

24 mars 2025 à 17:17

Temps de lecture : 3 min

La multiplication des foyers de grippe aviaire dans les élevages aux États-Unis a réduit l’offre et transformé les œufs en symbole d’une inflation qui ne laisse pas de répit aux Américains. Pour éviter que le virus ne se disperse davantage, plus de 30 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis début 2025.

La perte de leur production se traduit par des étals déserts et des prix élevés, sachant que reconstituer une population de poules pondeuses prend du temps. Il faut attendre environ 18 semaines après l’éclosion pour qu’une femelle soit capable de pondre son premier œuf.

Récemment, selon le ministère américain de l’Agriculture, le coût des œufs sur le marché de gros s’est détendu grâce à une accalmie de la grippe aviaire et au reflux de la demande, rebutée par le niveau des prix.

Bientôt Pâques

Mais cette baisse ne s’est pas encore matérialisée sur les étiquettes des supermarchés et la situation reste tendue à l’approche des congés de Pâques qui coïncident généralement avec une forte consommation.

Les États-Unis cherchent donc à accroître l’offre par-delà les frontières. «Pour l’instant, nous allons importer des œufs de Turquie et de Corée du Sud», a expliqué vendredi à la presse la ministre américaine de l’Agriculture Brooke Rollins.

"Hier encore [jeudi 20 mars], j’ai parlé à une poignée d’autres pays dont nous pourrons bientôt importer la production. Nous n’avons pas encore signé d’accord, donc je préfère ne pas donner leur nom", a-t-elle ajouté. "Nous parlons de centaines de millions d’œufs à court terme…

C’est assez pour aider à faire baisser davantage les prix en attendant que notre population de poules soit reconstituée", a-t-elle estimé. La ministre a espéré que la production nationale puisse couvrir l’essentiel des besoins "d’ici quelques mois". Contacté par l’AFP, le ministère de l’Agriculture n’a pas précisé les volumes concernés par rapport aux importations réalisées habituellement.

Les Européens aussi sollicités

Cette recherche par Washington de nouveaux approvisionnements coïncide avec une période de grande tension sur le plan commercial.

Depuis son investiture en janvier, le président Donald Trump a déjà mis en place de nouveaux droits de douane et en promet d’autres pour privilégier la production nationale. Canada, Mexique, Chine, Union européenne… La liste des pays visés est longue.

L’an dernier, le premier fournisseur extérieur d’œufs des États-Unis était de loin le Canada, suivi du Royaume-Uni, de la Chine puis de la Turquie. La Corée du Sud arrivait en 23e position.

Plusieurs associations européennes de producteurs d’œufs ont rapporté vendredi 24 mars avoir été approchées par les États-Unis pour y exporter des œufs. «Dès le mois de février, l’ambassade américaine à Varsovie a demandé à notre organisation si la Pologne serait intéressée par l’envoi d’œufs sur le marché américain», a indiqué à l’AFP Katarzyna Gawronska, la directrice de la Chambre polonaise de producteurs de volaille et de d’aliments pour animaux.

Le président de l’Association lituanienne, Gytis Kauzonas, a fait état d’une demande similaire «il y a plusieurs semaines». Les deux responsables ont expliqué se concentrer d’abord sur la fourniture du marché européen, où les producteurs peinent déjà à combler la demande. La production suisse elle-même pourrait ne pas suffire pour le marché helvétique.

«La question clé serait de savoir quelles conditions financières seraient offertes par les Américains», a déclaré Mme Gawronska. Les États-Unis devront aussi alléger les restrictions sanitaires s’appliquant aux denrées arrivant sur leur sol, a pointé M. Kauzonas. «Habituellement, a remarqué le producteur lituanien, il faut des années pour obtenir un tel permis, mais compte tenu de la situation, tout est possible, je pense.»