28 mars 2025 à 08:23, mis à jour à 08:29
Depuis plus d’une année, la plateforme en ligne Digiflux suscite une vague de colère et d’oppositions. Le mouvement Révolte agricole Suisse a focalisé sa grogne et une partie de ses revendications sur l’abolition de cet outil perçu comme un monstre bureaucratique qui ne fera qu’accroître la charge administrative des agriculteurs, déjà soumis à une paperasserie chronophage et démotivante.
L’Union suisse des paysans s’est elle aussi montrée critique et sceptique face à cette application web développée par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). La faîtière a exigé une simplification massive et un report de l’entrée en vigueur de ce système de communication obligatoire pour l’utilisation des produits phytosanitaires par les professionnels de la terre.
Message entendu par l’OFAG, qui a modifié le calendrier et s’est engagé à simplifier drastiquement le processus de déclaration afin de faciliter le travail des agriculteurs. À partir de 2027, Digiflux devrait entrer dans une phase d’introduction pour tous les utilisateurs de produits phytosanitaires à titre professionnel, soit les agriculteurs, sylviculteurs, horticulteurs, mais aussi les communes, les exploitants ferroviaires, les propriétaires de golf, etc.
Bon nombre d’organisations agricoles et d’élus agrariens continuent de tirer à boulet rouge sur Digiflux. L’automne dernier, le Conseil national a adopté la motion Nicolas Kolly par 95 voix contre 90 visant à exclure l’agriculture de Digiflux, tout en maintenant l’obligation de son usage pour les commerces vendeurs de phytos. Le 3 mars de cette année, le Conseil des États a adopté la motion, mais en proposant de la modifier: l’obligation pour les entreprises agricoles d’utiliser la plateforme numérique Digiflux est maintenue mais conditionnée au strict respect de la protection des données et à une procédure simplifiée au niveau de l’exploitation. Un compromis bienvenu que le conseiller fédéral Guy Parmelin a validé. La pérennisation de cette version simplifiée va nécessiter une modification des bases juridiques.
Le Conseil national devra se prononcer, à son tour, sur cette solution qui permet de ne pas parjurer les décisions prises par les Chambres fédérales pour mettre en œuvre l’initiative parlementaire 19.475, tout en aménageant un système administrativement supportable pour les agriculteurs. Dès lors, vaut-il encore la peine de tout rejeter en bloc, au risque de bafouer les promesses faites sur le sujet hautement sensible de l’utilisation des produits phytosanitaires? Opter pour le consensus permettrait d’acter que l’enregistrement lié à la surface ne soit pas obligatoire mais volontaire et d’obtenir des gages de simplification pour les praticiens, tout en répondant aux exigences légales fixées par le Parlement.