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Edito

Idéologie alimentaire?


Loïc Bardet, Directeur d’Agora, l.bardet@agora-romandie.ch

Loïc Bardet, Directeur d’Agora, l.bardet@agora-romandie.ch

17 janvier 2025 à 09:40

Temps de lecture : 2 min

Illustrée par la dernière version de la pyramide alimentaire suisse publiée en septembre dernier, l’injonction à consommer moins de viande et à végétaliser notre alimentation est une musique de fond régulière. À mon avis, elle prend la question par le mauvais côté de la lorgnette.

Ainsi, ces recommandations ne tiennent absolument pas compte de l’origine ni du mode de production. Les premiers résultats des analyses effectuées par AgroImpact sur des exploitations bovines romandes ont pourtant bien montré que leur impact carbone est sans commune mesure avec les chiffres utilisés à l’échelle planétaire. De plus, la critique constante de l’élevage bovin oublie son apport dans la fermeture des cycles naturels et le stockage du carbone. Il serait donc bien que certains se rappellent qu’il ne suffit pas de répéter sans arrêt quelque chose pour que celle-ci devienne la vérité.

Par ailleurs, si une meilleure mise en valeur des végétaux est dans l’intérêt de l’agriculture romande, notre région étant majoritairement orientée sur les cultures et non sur l’élevage, il s’agit de lui en donner réellement les moyens. C’est malheureusement loin d’être le cas. Pour commencer, de nombreuses productions ne bénéficient pas d’une protection à la frontière suffisante. C’est non seulement le cas des nouvelles sources de protéines végétales, grandes oubliées des accords OMC, mais également de certaines cultures traditionnelles.

Le problème est cependant plus profond, puisqu’il faut regretter la diminution régulière des moyens investis par la Confédération en matière de recherche agronomique, de sélection variétale en particulier. Alors que de nouveaux ravageurs et maladies apparaissent chaque année en raison des changements climatiques, il est à craindre que les connaissances permettant d’y faire face ne suivent pas. Surtout que les instruments à disposition des producteurs, les matières actives en particulier, ont au contraire tendance à diminuer. Ces vingt dernières années, ce sont plus de 200 matières actives qui ont été retirées du marché, voire interdites, alors que le rythme des nouvelles homologations est beaucoup plus lent.

En conclusion, viser un régime alimentaire orienté davantage sur les produits végétaux, comme semble le vouloir la Confédération, peut être un objectif, mais il faut alors réellement s’en donner les moyens. Dans le cas contraire, l’augmentation de la consommation de légumes et d’autres protéines végétales se ferait par des importations, ce qui représenterait un non-sens écologique.

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