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Archives. Agri et ses ancêtres disponibles en libre accès

Grâce à une convention avec la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, Agri et les titres dont il est issu depuis le XIXe siècle sont numérisés et accessibles à tous sur Scriptorium dès le 1er juillet.

Ivo Iossiger, directeur de l’entreprise 4DigitalBooks Assy SA, avec sa fille Fanny qui s’occupe de l’administration et de la comptabilité. Même les éditions récentes d’Agri, jusqu’au 17 mai 2013, ont dû être scannées pour avoir une pagination complète, comprenant aussi les annonces et réclames.K. Etter

Karine Etter

Karine Etter

2 juillet 2024 à 08:26, mis à jour à 17:15

Temps de lecture : 6 min

La richesse historique de la presse agricole romande est désormais à la portée de tout un chacun. En quelques clics, il est possible de remonter le temps pour découvrir les épisodes tragiques ou glorieux relatés dans les colonnes des journaux ruraux de l’époque. Pas moins de 70 000 pages scannées, numérisées et répertoriées constituent le patrimoine exceptionnel d’Agri et ses ancêtres. Il se déploie du siècle passé à 2022. Nous vous invitons à découvrir l’entier de nos archives sur la plateforme Scriptorium de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCUL).

Le voyage est gratuit, la navigation facile. Point de départ en l’année 1867, avec le Bulletin de la Société vaudoise d’agriculture et de viticulture, née à l’initiative de 300 paysans réunis à Lausanne. La publication était tirée à 7000 exemplaires, 6 à 8 fois par an. Elle visait à informer les membres de l’actualité agrotechnique et de la politique agricole.

Ont suivi la Chronique agricole du Canton de Vaud, La terre vaudoise, La terre romande, Agri-Hebdo et enfin Agri dès 1995. Tous ces journaux sont à la disposition des curieux, des passionnés d’histoire, des chercheurs et des étudiants. En 2025, Scriptorium s’enrichira des éditions numériques d’Agri publiées en 2023, et ainsi de suite chaque année. Seules l’année en cours et la précédente restent réservées aux abonnés d’Agri. Le travail de publication est désormais facilité grâce à la numérisation de la presse sous la forme d’e-paper dès les années 2000.

Dernière étape d’un vaste programme

La mise en ligne d’Agri et ses ancêtres sur le site Scriptorium, dès le 1er juillet prochain, est l’aboutissement d’un projet commencé en 2022. Un premier contact entre la BCUL et l’éditeur Le Journal Agri Sàrl a scellé l’intérêt des deux parties à intégrer ce corpus agricole dans un programme plus vaste visant à numériser les principaux titres de la presse périodique éditée dans le canton de Vaud.

Ainsi, après 24Heures, Le Matin, La Broye, La Côte et près de 150 titres régionaux vivants ou disparus, est venu le tour de la presse agricole et religieuse. «Cette catégorie comprend un paquet de 19 titres, la mise en ligne d’Agri et ses ancêtres représente la dernière étape», explique Sophie Reymond, responsable de la communication de la BCUL.

Un important travail de traitement de la qualité des images, de classement et de référencement est effectué par les collaboratrices de 4DigitalBooks. Pour <i>Agri</i> et ses ancêtres, 70&nbsp;000 pages ont passé sur leurs écrans.
Un important travail de traitement de la qualité des images, de classement et de référencement est effectué par les collaboratrices de 4DigitalBooks. Pour Agri et ses ancêtres, 70 000 pages ont passé sur leurs écrans.K. Etter

Pour mener la tâche titanesque de numériser des millions de pages en plus ou moins bon état, la BCUL a mandaté l’entreprise spécialisée 4DigitalBooks Assy SA, basée à Écublens (VD). Cette PME, fondée et dirigée par Ivo Iossiger, ingénieur, a commencé par inventer et fabriquer des scanners de haute technologie pour la numérisation de livres et autres documents papier.

Ces appareils ont l’avantage de tourner les pages de manière automatisée. La société en vend une vingtaine par année partout dans le monde (36 pays). Les scanners sont construits sur place, dans l’atelier de manufacture d’Assy SA où quatre personnes s’occupent de la production tandis que deux autres sont affectées au développement en électronique et mécanique.

Mieux qu’un livre d’histoire

En 2005, Ivo Iossiger a l’idée d’étoffer les activités de l’entreprise en ouvrant un atelier de numérisation, spécialisé dans les ouvrages reliés. Actuellement, ce service comprend quatre personnes dont le savoir-faire permet de réaliser un véritable «travail de broderie», souligne le directeur. Il précise que la digitalisation de ces ouvrages délicats se fait entièrement à la main pour tourner les pages, souvent fragiles, sans les abîmer.

Une fois scannées, les pages sont traitées informatiquement afin d’améliorer leur qualité visuelle, puis répertoriées et indexées. Une performance notamment pour les éditions les plus anciennes du XIXe siècle. «Nous avons récupéré une collection hétérogène, il était parfois difficile d’isoler certaines parutions, nous avions par exemple un changement de titre en milieu de page, nous avons dû nous montrer créatifs afin de gérer au mieux la cohérence de l’archivage numérique», explique Ivo Iossiger.

Pour scanner les pages, il faut les tourner une à une à la main, délicatement, bien mettre à plat et ajuster. Les caméras du scanner sont de la plus haute qualité existante pour capter les détails des textes et illustrations.
Pour scanner les pages, il faut les tourner une à une à la main, délicatement, bien mettre à plat et ajuster. Les caméras du scanner sont de la plus haute qualité existante pour capter les détails des textes et illustrations.K. Etter

Passionné par le trésor patrimonial que représente la presse écrite, le directeur de 4DigitalBooks se réjouit de l’accessibilité et de la visibilité donnée à la presse romande sur Scriptorium. Il salue la volonté de l’État de Vaud, à travers la BCUL, de mener ce projet de numérisation depuis 2012. «C’est énorme, car en Suisse la presse est très diversifiée.» Pour lui, «il n’y a pas de meilleur livre d’histoire que les journaux, c’est un réservoir immense pour retrouver des choses extraordinaires.»

Utilisation à usage privé uniquement

Aujourd’hui à la retraite, l’ancien conservateur de la BCUL Silvio Corsini a été la cheville ouvrière du projet. C’est avec lui que Le Journal Agri a entretenu les premiers contacts en 2022. Avant d’aboutir à une convention signée entre l’éditeur et l’État de Vaud en avril 2023, il a fallu que le Conseil d’État valide la proposition d’intégrer Agri et ses ancêtres dans le programme de numérisation de la BCUL et de le financer.

La phase de numérisation menée par 4DigitalBooks a démarré en septembre 2023 et s’est terminée deux mois et demi plus tard. La BCUL a récupéré l’ensemble des éditions qu’elle a ensuite basculées sur Scriptorium. Seuls les numéros d’Agri publiés après le 17 mai 2013 ont pu être repris directement dans leur version e-paper. Tout ce qui précède a dû être scanné afin d’avoir des journaux complets, intégrant autant les contenus rédactionnels que publicitaires.

Désormais, vous pouvez en toute simplicité accéder aux archives d’Agri sur Scriptorium, il n’y a même pas besoin de se créer un compte et le moteur de recherche, par exemple par mot-clé ou date, s’avère très efficace. À noter que le téléchargement et l’impression des contenus sont possibles, mais uniquement pour un usage privé non commercial. Scriptorium propose des explications, notamment sous la forme de tutoriels (vidéos) pour mieux maîtriser les outils de recherche et en optimiser l’usage.

«Notre objectif est de rassembler et mettre à disposition du public tout ce qui a été édité dans le canton de Vaud, livres, journaux; c’est assez unique d’avoir un répertoire aussi large, au niveau suisse la BCUL a fait acte de précurseur», souligne Sophie Reymond. Une offre exceptionnelle, gratuite, profitez-en!

En chiffres

19 titres de la presse classée «religieuse et agricole» par la BCUL ont été numérisés dans Scriptorium à ce jour, dont 6 font partie du paquet «Agri et ses ancêtres».

650 000 parutions sont répertoriées dans Scriptorium en tant que presse périodique éditée dans le canton de Vaud.

8,5 millions de pages sont publiées sur Scriptorium, ce qui représente le plus important patrimoine public suisse de la presse écrite à un niveau cantonal.

3000 pages par jour et par scanner peuvent être numérisées par l’entreprise spécialisée 4DigitalBooks à Écublens (VD).

70 000 pages de la collection «Agri et ses ancêtres» ont été scannées par 4DigitalBooks.

Une longue filiation

L’hebdomadaire Agri est issu d’une longue filiation de chroniques et bulletins rédigés dès la fin du XIXe siècle par des associations agricoles naissantes. Cette origine associative, avec mission d’informer les familles paysannes sur la politique agricole et les actualités agrotechniques, a perduré jusqu’à aujourd’hui. Elle continue de faire la spécificité et la force identitaire de notre journal. Agri compte dans sa généalogie cinq autres titres dont la Une est mise en image ci-dessous: Bulletin de la Société vaudoise d’agriculture et de viticulture, Chronique agricole du Canton de Vaud, La terre vaudoise, La terre romande et Agri-Hebdo.

Bulletin de la SVAV (1867-1908).Scriptorium