Pierre-Yves Felley, Directeur de la Chambre valaisanne d’agriculture, direction@agrivalais.ch
21 février 2025 à 09:38
La protection des cultures par hélicoptère existe en Suisse depuis le début des années 70. Souvent décriée, par méconnaissance parfois, par opportunisme populiste fréquemment, cette technique d’application garde toute sa pertinence dans nos vignobles et vergers en forte pente.
Il faut souligner que c’est le moyen de traitement le plus réglementé et le plus contrôlé. La compagnie d’hélicoptère doit requérir chaque année une autorisation auprès de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC). Cinq offices fédéraux (OFEV, OFAG, OFSP, OSAV et Seco) sont consultés ainsi que les Cantons concernés. L’autorisation porte sur un périmètre précis, préalablement cartographié et mis à l’enquête publique. Une distance de sécurité est imposée par rapport aux habitations, aux biens-fonds voisins, aux eaux de surface, aux objets écologiques. Seule l’application de fongicides est admise et la liste des matières actives homologuées spécifiquement par voie aérienne est bien plus restreinte que pour les traitements au sol. L’installation technique est validée par Agroscope. Lors de chaque traitement, une personne détenant le permis de traiter assume la responsabilité de la bonne exécution. Le pilote doit aussi disposer du permis de traiter. Un expert, agréé par les services cantonaux, contrôle si les conditions de l’autorisation sont bien respectées. Le cas échéant, il peut imposer des restrictions, voire suspendre l’application.
L’hélicoptère contribue au développement de raisins et de vins sans résidus: en 2024, près de 80% des applications ne contenaient aucun produit de synthèse. La rapidité d’intervention permet de couvrir à temps le végétal avec des produits homologués en culture bio. Le drone ne peut pas garantir une bonne application avec des produits de contact: il épand des phytosanitaires de synthèse et son coût est bien plus élevé.
En 2026, les nouvelles exigences pour l’obtention du permis de traiter entreront en vigueur. De nombreux viticulteurs ne seront plus en droit de traiter eux-mêmes leurs parcelles et ils devront trouver un tiers pour exécuter cette tâche. L’hélico se pose en alternative crédible et avantageuse.