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Cultures

Essai. Agroscope pourra planter de l’orge génétiquement modifié

Agroscope a reçu l’autorisation de mener un essai en plein champ qui portera sur un gène de l’orge désactivé grâce à de nouvelles techniques de sélection.

L’essai doit montrer si le rendement de l’orge peut être augmenté.FU Berlin

Agroscope

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15 février 2024 à 11:55, mis à jour à 12:00

Temps de lecture : 3 min

Agroscope a reçu de l’Office fédéral de l’environnement l’autorisation de mener un essai en plein champ avec de l’orge de printemps. Cet essai portera sur un gène de l’orge qui a été désactivé au moyen de nouvelles techniques de sélection. D’après un communiqué de la staition fédérale de recherche en agronomie, l’essai doit montrer si le rendement peut être augmenté de cette manière. Il débutera au printemps 2024 sur le site protégé d’Agroscope à Zurich-Reckenholz et durera trois ans.

Le gène CKX2 est impliqué dans la régulation de la formation des graines. L’inactivation de ce gène au moyen de nouvelles méthodes de sélection (édition du génome par CRISPR/Cas9) permet d’augmenter le rendement du riz et du colza.

Collaboration internationale

Des chercheurs de la Freie Universität Berlin ont constaté que l’orge possède deux copies légèrement différentes de ce gène. Les lignées d’orge dont ils ont désactivé les deux copies, en collaboration avec des scientifiques du Leibniz-Institut für Pflanzengenetik und Kulturpflanzenforschung (IPK), ont produit en serre davantage de graines par épi. Agroscope entend étudier ces plants d’orge sur son site protégé, en collaboration avec la Freie Universität Berlin, afin de répondre entre autres aux questions suivantes: les plantes produisent-elles également davantage de graines par épi dans les conditions d’un essai en plein champ et en résulte-t-il un rendement plus élevé? Les deux copies du gène doivent-elles être désactivées ou suffit-il d’en désactiver une seule? La désactivation d’une ou des deux copies du gène modifie-t-elle d’autres caractéristiques en plein champ que le seul rendement?

Pas de matériel génétique étranger

Les chercheurs ont désactivé une ou les deux copies du gène CKX2 de différentes plantes d’orge au moyen du procédé CRISPR/Cas9. Contrairement aux plantes étudiées jusqu’à présent sur le site protégé d’Agroscope, ces lignées d’orge ainsi produites ne contiennent pas de matériel génétique étranger. Bien qu’une telle modification puisse également résulter d’une mutation naturelle fortuite, ces orges sont traitées comme des plantes génétiquement modifiées (PGM), car le procédé utilisé est nouveau et qu’il intervient dans le génome de la plante. C’est la raison pour laquelle l’essai en plein champ a nécessité une autorisation de l’Office fédéral de l’environnement.

L’essai en plein champ débutera au printemps 2024 sur le site protégé d’Agroscope à Zurich-Reckenholz et durera trois ans. Pour des raisons pratiques, la recherche est réalisée avec une ancienne variété d’orge de brasserie, la «Golden Promise», qui n’est pas cultivée en Suisse. Cette variété est relativement facile à modifier génétiquement et sera donc souvent utilisée dans la recherche. Les connaissances acquises pourront aussi être exploitées pour les variétés d’orge modernes et, avec de bonnes chances de succès, pour d’autres céréales comme le blé ou l’épeautre.

Discussions en cours sur la réglementation

La réglementation des plantes issues de nouvelles méthodes de sélection comme CRISPR/Cas9 fait actuellement l’objet de discussions dans différents pays. Selon une première décision prise la semaine dernière par le Parlement européen, de telles plantes, qui pourraient également être créées fortuitement dans la nature (sans patrimoine génétique étranger), devraient à l’avenir être réglementées de manière moins stricte. Le Conseil fédéral fera probablement, au deuxième semestre 2024, des propositions sur la manière dont il envisage de réglementer à l’avenir l’autorisation de telles PGM en Suisse.