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Suisse

Chasse. Le fondement de la cohabitation entre faune sauvage protégée et agriculture

Les organisations de protection des animaux et de la nature rejettent largement le projet de révision de l’Ordonnance sur la chasse. Elles dénoncent des atteintes à des espèces protégées. La Conférence des directeurs cantonaux de l’agriculture voit en revanche dans leur régulation proactive le fondement de la cohabitation entre faune sauvage protégée et agriculture.

La CDCA veut des «modifications fondamentales» en matière de protection des troupeaux.iStock

ATS

ATS

5 juillet 2024 à 13:25

Temps de lecture : 3 min

En réponse à la consultation sur la révision partielle de l’Ordonnance sur la chasse (OChP) qui s’achève vendredi 5 juillet 2024, la Conférence des directeurs cantonaux de l’agriculture (CDCA) affirme que les populations de loups sont devenues «incontrôlables». Selon elle, les loups isolés qui «mettent en danger les humains ou les animaux de rente» doivent même pouvoir être tués toute l’année.

La CDCA veut des «modifications fondamentales» en matière de protection des troupeaux. Elle prône une approche à l’échelle de l’exploitation avec des concepts de protection individuels. Ces concepts «sont une condition préalable à l’octroi de la contribution supplémentaire d’estivage» et doivent être ancrés dans l’ordonnance, selon la conférence.

D’autres races de chiens reconnues

La CDCA demande en outre que la mesure de protection «places pour la nuit sûres/pâturage en cas de mauvais temps et gardiennage permanent de jour pour les moutons et les chèvres» soit reconnue dans l’OChP. Cela éviterait selon elle une divergence avec la réglementation sur les paiements directs.

La conférence n’est pas convaincue par les nouveautés en matière de chiens de protection des troupeaux. Les cantons réclament depuis longtemps à la Confédération de reconnaître plus de deux races de chiens de protection. D’autres races devraient être autorisées sans délai à passer le test d’aptitude pour cette tâche.

Enfin, la CDCA demande que tous les coûts liés à la «régulation» de la faune sauvage ainsi qu’à la prévention et l’indemnisation des dommages causés par les animaux sauvages soient supportés sans exception par le budget de l’environnement. «Le budget ordinaire de l’Office fédéral de l’environnement doit être adapté en conséquence», écrit-elle.

Animaux protégés quasi chassables

La Protection suisse des animaux (PSA) exige de son côté une refonte complète du projet, qu’elle désapprouve largement. «Ainsi, le loup deviendrait quasiment chassable et la protection du castor serait considérablement affaiblie», constate-t-elle dans sa prise de position.

La gestion des populations de loups doit respecter les dispositions de la Constitution fédérale, de la loi sur la chasse et de la Convention de Berne, qui protègent cet animal. Cela veut aussi dire que la protection des troupeaux doit rester prioritaire par rapport aux interventions sur la population de loups, souligne la PSA.

Les tirs de loups ne se justifient qu’en cas de dégâts importants malgré les mesures de protection. Ou pour réguler des meutes afin d’éviter d’éventuels dommages ou dangers malgré de telles mesures. Les meutes de loups discrètes ou qui ne causent pas de dégâts doivent être protégées: «C’est la seule façon pour ces animaux de transmettre le comportement que nous souhaitons», estime la PSA.

L’organisation rejette catégoriquement toute mention explicite du tir préventif du castor, la loi permettant déjà d’intervenir sur leur population. Tuer des castors pères en période de reproduction ne doit pas être autorisé, car cela menace la survie de toute la famille.

Conditions strictes pour le tir

Dans une prise de position commune, Pro Natura, le WWF Suisse, le Groupe Loup Suisse et BirdLife Suisse ne contestent pas «la régulation proactive des loups qui pourraient provoquer des dégâts importants». Mais l’ordonnance doit rester dans le cadre défini par le droit supérieur et les bases scientifiques, ajoutent ces organisations.

Pour elles, les loups ne peuvent être abattus préventivement qu’à des conditions strictes. «La menace doit être plausible et ne pas pouvoir être empêchée par des mesures moins fortes, toutes les mesures raisonnables de protection avoir été prises et la régulation ne pas mettre en danger localement la population de loups.»

Le projet de révision se focalise sur la mise à mort de loups, sans tenir compte de la pratique en matière de protection des troupeaux, critiquent encore ces organisations. Elles dénoncent une offensive injustifiée contre le castor et une méconnaissance du potentiel écologique du loup.

Une valeur seuil de douze meutes et la division du pays en cinq régions de régulation sont contraires à la Constitution fédérale, à la loi sur la chasse, à la Convention de Berne et à la Convention alpine, réagit l’association CH Wolf. L’abattage de meutes entières pourrait entraîner l’extermination des loups au niveau régional, estime-t-elle.