Yann Huguelit, Directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture, Yann.Huguelit@ne.ch
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Des propositions de mouvements citoyens poussent à ce que les transports publics soient pris en charge exclusivement par les impôts sans que chaque voyageur paye un titre de transport. Sans entrer dans les détails d’une telle solution, combien coûtent les transports publics de notre pays et comment sont-ils financés?
En 2020, pour le rail, le coût du transport de personnes en Suisse était de 9,9 milliards de francs dont 55% pris en charge par la collectivité publique alors que le coût du transport de personnes par la route se montait à 4,2 milliards de francs dont 70% pris en charge par les pouvoirs publics soit au total 14,1 milliards de francs de coûts dont 8,3 milliards de francs de contributions à fonds perdu permettant le financement des infrastructures ou le subventionnement de prestations des entreprises de transport.
À titre de comparaison, la production agricole suisse se situe à 12 milliards de francs dont 29% sont pris en charge par la collectivité publique. Les agriculteurs n’ont manifestement pas à rougir des moyens financiers qui leur sont alloués. De plus, tous les quatre ans, des prestations complémentaires sont demandées en conservant la même enveloppe financière auprès des autorités fédérales.
Limiter le soutien étatique pour les transports publics réduirait inévitablement les prestations de service, ce qui se traduirait par des suppressions de lignes ou des réductions de la cadence. Il n’en est pas de même pour l’agriculture qui, lorsque les rendements des cultures ou que le budget agricole sont amputés, ne peut pas prétendre à une diminution des prestations. La garantie journalière d’une alimentation suisse durable par le travail inlassable du soin aux cultures ou aux animaux perdure. L’alimentation est primordiale par rapport aux transports publics et l’agriculture mérite plus qu’une oreille attentive des pouvoirs publics qui seront bien inspirés de corriger les mesures d’économies dans le secteur.
-> Edito paru dans notre édition du 22 novembre 2024.