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France. Les agriculteurs sont fâchés contre le Mercosur

La perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et les pays latino-américains du Mercosur provoque la colère des agriculteurs français. Ceux-ci craignent une concurrence déloyale.


ATS / AFP

ATS / AFP

18 novembre 2024 à 16:05

Temps de lecture : 3 min
En janvier 2024, des milliers d’agriculteurs avaient bloqué les routes en France. Cette mobilisation de colère pourrait se répéter pour protester contre l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.
En janvier 2024, des milliers d’agriculteurs avaient bloqué les routes en France. Cette mobilisation de colère pourrait se répéter pour protester contre l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.ISTOCK

«France, veux-tu encore de tes paysans?». Les agriculteurs français sont une nouvelle fois mobilisés, ce lundi, moins d’un an après un mouvement de colère inédit dans les campagnes. La perspective d’un accord avec le Mercosur pourrait à nouveau embraser le pays. L’alliance syndicale paysanne FNSEA-JA, majoritaire dans le secteur en France, a lancé plus de 80 actions symboliques, prélude à un nouveau cycle de mobilisation.

Au Cannet-des-Maures (sud-ouest), par exemple, 300 agriculteurs ont déposé de la terre sur la route et planté des croix symbolisant la mort de l’agriculture française, qu’ils jugent menacée par l’accord de libre-échange que l’UE négocie avec les pays latino-américains du Mercosur.

Près de la frontière belge, des agriculteurs contrôlent les poids lourds. Devant la préfecture de Vesoul (est), 180 agriculteurs ont déposé des panneaux de signalisation de villages et déversé trois bennes remplies de cannes de maïs. Une autre action symbolique était prévue dans l’après-midi à Strasbourg sur le Pont de l’Europe reliant la France et l’Allemagne.

«Tolérance zéro»

«On ne souhaite pas de blocage concrètement comme on a pu le voir l’année dernière», a indiqué lundi matin sur la radio RMC Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs (JA). Les impatients avaient ressorti les tracteurs dès dimanche, se rendant en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, d’où s’est envolé Emmanuel Macron pour le G20 de Rio de Janeiro. «Macron, si tu vas à Rio, n’oublie pas tes péquenots», proclamait une banderole. Dimanche, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a prévenu qu’il y aurait une «tolérance zéro» en cas de «blocage durable» des routes.

Moins d’un an après un vaste mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiendront en janvier.

Revenus insuffisants

Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n’avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l’hiver dernier. Et ils jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants.

Si les taxes sur le carburant agricole avaient été un des ferments de la mobilisation l’an dernier, c’est l’aboutissement du projet d’accord de libre-échange de l’Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.

Crainte de concurrence déloyale

En dépit de l’opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, l’UE semble déterminée à signer d’ici la fin de l’année cet accord, qui permettra notamment aux pays latino-américains d’écouler plus de bœuf, de poulet ou de sucre sans droits de douane en Europe.

Plusieurs pays européens, dont l’Espagne et l’Allemagne, veulent la conclusion de l’accord, qui favoriserait l’exportation de voitures, machines ou produits pharmaceutiques de l’Union européenne.

Mais les agriculteurs français redoutent une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe. C’est pourquoi la FNSEA et son allié JA ont choisi de relancer la mobilisation lundi et mardi, dates de la tenue d’un sommet du G20 au Brésil.

À Buenos Aires, le président français Emmanuel Macron a affirmé dimanche que la France ne «signerait pas en l’état» le traité de libre-échange.

Promesse d’une révolte

«Notre objectif n’est pas d’ennuyer les Français (…), ni les bloquer, encore moins de les affamer comme on a pu entendre d’un certain nombre d’autres syndicats agricoles», a souligné le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (deuxième syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'«encercler» ou d'«affamer» certaines métropoles comme Paris.

La Coordination rurale a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat, qui affirme avoir engrangé des milliers de nouveaux adhérents depuis l’an dernier, promet «une révolte agricole» avec un «blocage du fret alimentaire» dès mercredi dans le Sud-Ouest si «aucune avancée» n’est constatée sur le dossier du Mercosur.