Héloïse Candolfi, directrice d'AgriGenève
30 août 2024 à 00:00, mis à jour le 31 octobre 2024 à 07:18
Les initiatives fédérales successives, telles que celle sur la biodiversité, mettent l’agriculture sous les feux de la critique. Sous couvert d’intentions louables visant à préserver notre environnement, elles créent de faux débats, aboutissant à des positions dogmatiques qui opposent inutilement nature et agriculture. Ce clivage est regrettable, surtout quand on considère les efforts significatifs déployés par l’agriculture suisse depuis plus de deux décennies pour promouvoir la biodiversité.
Ces initiatives, «eaux propres», «élevage intensif», «biodiversité», bientôt «alimentation sûre», semblent ignorer ces progrès, favorisant une vision manichéenne où l’agriculture est systématiquement pointée du doigt. Cette perspective ne fait qu’alimenter un climat de méfiance et de frustration parmi les agricultrices et agriculteurs. La stigmatisation de toute une profession est non seulement injuste, mais contre-productive. Elle risque de décourager ceux qui font déjà des efforts et d’alimenter une résistance passive face aux changements nécessaires.
Plutôt que d’imposer des mesures punitives ou restrictives, une approche inclusive permettrait de construire sur les réussites existantes, en développant des solutions innovantes qui bénéficient à la fois à la biodiversité et à la rentabilité des exploitations agricoles.
Il est aujourd’hui urgent de dépasser les clivages idéologiques pour favoriser une collaboration constructive. Nature et agriculture peuvent et doivent aller de pair. Les initiatives futures doivent s’appuyer sur le dialogue et la reconnaissance des efforts déjà consentis. Seule une approche équilibrée et respectueuse permettra de concilier durablement les impératifs environnementaux et les réalités économiques de notre agriculture.
-> Édito paru dans l’édition du 30 août 2024.