Climat. Changer le régime des vaches ne réduit pas fortement le méthane
Tests sur le terrain moins concluants que les études, agent actif cancérogène: les additifs alimentaires réduisant les émissions de méthane du bétail, comme les algues rouges ou le 3-NOP, ont leurs limites, estime un groupe d’experts.
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ATS
24 mai 2024 à 16:00
Se fondant sur plusieurs études, ce panel de cinq universitaires et chercheurs a recensé dans un document publié le 18 mai 2024 les avantages et inconvénients de ces compléments alimentaires qui suscitent l’intérêt des agriculteurs et des gouvernements avides d’abaisser leurs émissions de méthane.
L’élevage est responsable d’environ 12% des émissions de gaz à effet de serre causées par les humains, ce qui passe largement par les rejets de méthane, le deuxième gaz causant le réchauffement derrière le dioxyde de carbone (CO2). Cela est principalement dû au processus de digestion des ruminants qui libèrent du méthane en éructant.
Face à ce constat, certains essaient de changer le régime de leurs vaches: remplacer une partie de leur alimentation par un type d’algues rouges permettrait par exemple de réduire leurs rejets de méthane de plus de 80%, selon une étude américaine de 2021.
Une efficacité remise en cause par ce groupe d’experts. Si les algues rouges ont permis de réduire les émissions de méthane jusqu’à 99% en laboratoire, l’étude la plus poussée sur le terrain n’a révélé qu’une réduction de 28% au sein du bétail japonais, qui avait par ailleurs perdu du poids à la fin des essais.
Les scientifiques soulignent également que l’ingrédient actif des algues rouges est le bromoforme, un agent cancérogène connu pour les animaux et probablement pour l’homme.
Moins efficace avec le temps
Déjà utilisé par le géant français Bel, fabricant des fromages Babybel, Boursin et Kiri, le 3-NOP (3-nitrooxypropanol), commercialisé sous le nom de Bovaer, s’en sort mieux. Fabriqué en chauffant du nitrate et un alcool végétal, cet additif sous forme de poudre réduit les émissions de méthane des ruminants de 30% en moyenne, avec de meilleurs résultats chez les vaches laitières.
Toutefois, certains essais à long terme ont montré qu’il était moins efficace avec le temps. Les experts soulignent par ailleurs qu’il n’existe actuellement aucun moyen efficace de fournir régulièrement des compléments alimentaires aux animaux en pâturage.
Le panel est composé de Ngonidzashe Chirinda de l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc, Mark Howden de l’Université nationale australienne et Andy Reisinger de la Commission sur le changement climatique de Nouvelle-Zélande, tous trois ayant participé aux travaux du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec).
Y ont aussi participé Mario Herrero de l’Université Cornell aux Etats-Unis et Claudia Arndt de l’Institut international de recherche sur le bétail au Kenya.