Épizootie. Aux États-Unis, la grippe aviaire inquiète les spécialistes
L’épizootie de grippe aviaire H5N1, qui touche les élevages américains depuis huit mois, a entraîné la contamination de près de 60 personnes, relève le quotidien Le Temps dans un article paru le mardi 10 décembre. Des experts tirent la sonnette d’alarme.
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Martin Bernard
10 décembre 2024 à 13:49
L’épizootie de grippe aviaire H5N1, qui a débuté il y a huit mois aux États-Unis, présente des risques importants pour la santé publique, selon des experts. Avec 720 troupeaux contaminés dans 16 États et 58 cas humains recensés cette année, le virus montre une progression préoccupante.
Parmi les cas humains, seules deux personnes n’ont eu aucun contact identifiable avec des animaux infectés, souligne Le Temps dans un article paru le mardi 10 décembre.
Fin mars 2024, une transmission du virus entre un mammifère et un humain a été confirmée pour la première fois. Ce cas, survenu dans un élevage bovin au Texas, a marqué une étape significative dans l’évolution de l’épidémie.
Un porc a également été testé positif dans l’Oregon. Le porc est connu pour favoriser la recombinaison de différents virus de grippe, dont l’humaine, ce qui accentue le risque de voir apparaître une souche virale adaptée à l’homme, informe Le Temps.
Risque de zoonose
Une étude récente publiée dans la revue Science révèle qu’une seule mutation dans la protéine d’ancrage du virus suffirait à renforcer son affinité pour les cellules humaines. Bien que deux mutations supplémentaires restent nécessaires pour rendre le virus transmissible entre humains, leur survenue ne peut être écartée et reste difficile à prévoir, indique Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, cité par Le Temps.
Le danger se trouve amplifié par le pic de la grippe saisonnière dans l’hémisphère nord, créant un contexte propice aux recombinaisons génétiques.
Malgré ces préoccupations, quelques éléments positifs apparaissent. «Le virus grippal H5N1 est connu pour infecter l’humain depuis 1997, mais aucune preuve d’une transmission d’humain à humain n’a été démontrée» à ce jour, tempère Antoine Flahault dans Le Temps. En outre, la sévérité des cas recensés aux États-Unis est moins importante que celle observée précédemment chez l’humain, principalement en Asie et en Égypte (environ un millier de cas pour une mortalité d’environ 50%).
Des vaccins existent contre le H5N1. Ils offrent aussi une protection contre le clade actuel, identifié en 2020 en Amérique du Nord. Les avancées techniques issues de la pandémie de Covid-19 permettent de produire ces vaccins rapidement et à grande échelle. Cependant, l’absence d’une politique vaccinale uniforme complique les efforts de lutte. Les États-Unis refusent de vacciner leur volaille, contrairement à des pays comme la France ou le Mexique, ce qui freine la coopération internationale.