Révolte paysanne. Les agriculteurs romands se mobilisent

Jeudi 29 février, sur un pré de Boudevilliers dans le Val-de-Ruz, pas moins de 74 tracteurs venant de l’ensemble du canton de Neuchâtel ont passé un message ciblé en rapport avec les négociations sur le prix du lait, se déroulant le lendemain. Dès 19 h, les engins ont convergé tous phares allumés et dans la discipline au lieu de rendez-vous. Une heure plus tard, grâce à la maîtrise de Lorane Jacot, instigatrice du mouvement et véritable chef d’orchestre, ces monstres étaient alignés au centimètre près. Pour que le SOS soit écrit correctement, il était nécessaire de pouvoir compter sur un minimum de 32 tracteurs. Ils furent largement plus du double. À 20 h 30, tous les chauffeurs mirent en marche les moteurs, feux et gyrophares en action. Trente minutes plus tard, la manifestation prenait fin.

Pas de prises de parole durant la soirée à part des remerciements adressés aux participants. «Merci, je suis fier de vous», s’enthousiasmera Lorane Jacot. On aura reconnu quelques personnes avec des postes clés au niveau agricole dans les manifestants. Silence de leur côté, ayant toujours assuré soutenir le mouvement sans s’en approprier les résultats. Dans le noir de la nuit, on ne pouvait pas distinguer s’il y avait du public venu des villes voisines. Pas de sifflets ou d’applaudissements. Pas de service d’ordre non plus. Les organisateurs espèrent un retour fort des médias et pas uniquement agricoles. Ce rendez-vous s’est achevé autour de grillades. Il aurait été intéressant de connaître les intentions du mouvement quant aux manifestations futures, plusieurs du même acabit se dérouleront ce vendredi en Suisse allemande notamment. Pourtant, pas l’ombre d’un indice ne fut dévoilé quant à la suite. La concentration de ce jeudi a été déclenchée mardi soir! Voilà peut-être le secret de la réussite, tout se passe au dernier moment.

Des rassemblements de tracteurs ont notamment eu lieu à Echallens (VD), Perly-Certoux (GE), Vallon, Vaulruz, Sâles et Lussy (FR), Saignelégier (JU), Reconvilier (BE) ainsi que dans quelques lieux en Suisse alémanique. Outre-Sarine, des mobilisations sont surtout prévues vendredi, comme dans le canton de Zurich.

"L’objectif est de mettre la pression sur les prix de nos produits", a indiqué Arnaud Rochat, agriculteur à Bavois (VD) et instigateur du mouvement Révolte agricole Suisse via un groupe Facebook. "Mais le but est aussi que les gens nous voient et nous comprennent mieux", a-t-il ajouté.

Près d’Echallens, sur la route qui mène à Goumoëns-la-Ville, environ 200 tracteurs sont peu à peu arrivés en début de soirée en direction d’un champ pour former les trois lettres symboliques de l’appel au secours. Quelque 300 personnes étaient réunies sur place, autour d’un feu, à écouter plusieurs discours puis à griller des saucisses.

Présent, le conseiller national Jacques Nicolet (UDC/VD) a plaidé pour une hausse de 20% sur trois ans des prix des denrées agricoles. Il a aussi prôné une diminution de 50% des charges administratives qui incombent aux agriculteurs.