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Suisse

Initiative biodiversité. Le lancement de la campagne nationale fait réagir le monde agricole

Le comité de l’initiative biodiversité a démarré sa campagne, mardi 25 juin. L’Union suisse des paysans (USP) a présenté ses arguments contre le texte. La faîtière reproche aux initiants de passer sous silence les besoins de la population en nourriture, en électricité et en bois.

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25 juin 2024 à 14:03, mis à jour à 14:07

Temps de lecture : 3 min

L’initiative «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage» (initiative Biodiversité) réclame suffisamment de moyens et de surfaces pour la nature. Elle veut aussi ancrer une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti dans la Constitution.

«Une nature diversifiée atténue les conséquences du changement climatique. Elle garantit aussi la pureté de l’air, l’eau potable, la pollinisation, la fertilité des sols et l’alimentation», a relevé devant les médias la directrice romande de Pro Natura, Sarah Pearson Perret.

Pour le comité d’initiative, qui a lancé sa campagne mardi 25 juin, «en Suisse, la biodiversité va mal et notre source de vie est en danger. Près de la moitié des milieux naturels et plus d’un tiers de nos espèces animales et végétales sont menacés de disparition ou sont déjà éteints».

Au détriment de la production indigène

L’USP a présenté le même jour son argumentaire contre l’initiative. La faîtière reproche aux auteurs de l’initiative biodiversité de vouloir «mettre sous cloche beaucoup plus de surfaces pour promouvoir la diversité des espèces. Ce faisant, ils passent sous silence les besoins de la population suisse en nourriture, en l’électricité et en bois. Moins la Suisse produit, plus elle doit importer.»

Ces importations proviennent souvent de régions connaissant des conditions nettement moins durables qu’en Suisse. «L’initiative biodiversité entraîne donc un déplacement de la production à l’étranger et, par conséquent, une détérioration de l’empreinte écologique, que ce soit pour la nourriture, l’électricité ou le bois», souligne l’USP.

Sur base volontaire

«Le déclin des espèces s’est surtout produit entre 1850 et 2000, suite à l’industrialisation et, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à l’intensification de l’agriculture», avance l’USP dans son communiqué. «Lorsque les conséquences de l’activité humaine sur la nature se sont fait jour, un changement de mentalité s’est opéré».

Dans l’agriculture, ce changement s’est traduit par l’introduction des prestations écologiques requises en 1996 et l’obligation pour chaque exploitation de réserver au moins 7% de sa surface à la promotion de la biodiversité. Sur une base volontaire, ce taux a presque triplé et atteint 19% de la surface agricole utile. Sans compter 200 000 ha de surfaces peu intensives et riches en espèces dans la région d’estivage.

Des bases légales suffisantes

Depuis 2012, la Suisse dispose d’une Stratégie Biodiversité. Celle-ci définit autour de dix objectifs stratégiques les priorités de l’engagement par lequel la Confédération veille à préserver la diversité des espèces, les écosystèmes et la diversité génétique. En 2017, le Conseil fédéral a adopté un plan d’action pour concrétiser la stratégie. La Suisse n’a donc pas attendu pour agir, et les bases légales pour continuer de promouvoir la biodiversité de manière ciblée existent déjà, soutient l’USP.

«L’agriculture suisse reconnaît l’importance de la biodiversité», précise la faîtière. «Elle est prête à s’engager davantage et à améliorer encore plus la qualité des vastes surfaces déjà existantes. En contrepartie, elle attend que la garantie de l’approvisionnement en denrées alimentaires produites de manière durable bénéficie de la reconnaissance qu’elle mérite et que les surfaces nécessaires soient assurées. Au final, repousser les défis écologiques à l’étranger ne mène à rien.» Les Suisses trancheront le 22 septembre 2024.