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Valais. La troisième correction du Rhône sera révisée

Le Conseil d’État valaisan a décidé de réviser le projet de la troisième correction du Rhône. S’appuyant sur une nouvelle analyse présentée mardi, il estime le plan d’aménagement actuel «disproportionné». Les organisations agricoles resteront vigilantes.

Le projet actuel de troisième correction du Rhône sera revu à la baisse.Agri

ATS

ATS

28 mai 2024 à 17:03

Temps de lecture : 3 min

La troisième correction du Rhône telle que définie à ce jour «est un projet cinq étoiles» qui met la barre sécuritaire «très très haut», mais qui est «alarmiste», déclare Raphaël Mayoraz, chef du service valaisan des dangers naturels devant la presse réunie à Sion. Ce projet tablait par exemple «sur une rupture de toutes les digues en un seul événement de crue», ce qui est «catastrophiste», selon lui.

Le plan d’aménagement de la troisième correction du Rhône va «beaucoup plus loin» que les objectifs fixés par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), un choix qui visait l’éradication de «tout danger», poursuit Raphaël Mayoraz. En résumé, «on a ajouté des probabilités à des probabilités», élaboré «des scénarios improbables», projeté des dommages très (trop) élevés; le canton du Valais estime aujourd’hui que le projet est «trop ambitieux» et «disproportionné».

Évolution importante

Le gouvernement a lancé en 2022 une analyse pour déterminer si le projet de troisième correction du Rhône tel que défini est le plus approprié pour répondre aux défis et besoins actuels et futurs. «Le contexte a en effet fortement évolué depuis 2000, date du lancement de R3 et le début des travaux en 2009», souligne Franz Ruppen, chef du département de la mobilité, du territoire et de l’environnement.

Rien que depuis 2016, date à laquelle Vaud et Valais ont validé le plan d’aménagement, les moyens de prévention, la manière par exemple de construire des digues, la prise de conscience des changements climatiques ont «fondamentalement changé», abonde Raphaël Mayoraz. Dans ces domaines, les cantons ont acquis de nouvelles compétences.

R3 est aussi revenu plusieurs fois au menu du Grand Conseil valaisan. Celui-ci était préoccupé par la gestion des sites pollués, la conservation des surfaces d’assolement ou encore le changement climatique. «En mai 2021, il a accepté à l’unanimité de mener une analyse et une réflexion de fond sur Rhône 3. C’est chose faite», a dit Franz Ruppen, rappelant à plusieurs reprises que cette analyse n’a pas vocation à «pointer les erreurs du passé, mais à aller de l’avant».

Ni 15 ni 70 mètres

Dans le projet, les élargissements prévus sur le fleuve sont importants. Selon les normes de l’OFEV, un espace de 15 mètres de chaque côté est suffisant «bien que très minimal», admet Raphaël Mayoraz, pour qui 60 à 70 mètres, comme prévu dans R3, «c’est beaucoup».

Un autre problème soulevé dans l’analyse est l’emprise du projet sur les surfaces d’assolements (SDA), soit les terres agricoles les plus précieuses de Suisse. «La Berne fédérale a serré la vis en 2020, et pour respecter la législation qui exige pour le Valais 7350 hectares de SDA, on ne peut plus se permettre d’utiliser les 296 hectares nécessaires pour ce projet», complète Raphaël Mayoraz.

Par ailleurs, la décision avait été prise d’éviter les zones polluées dans le projet R3, ce que le gouvernement considère aujourd’hui comme une «opportunité manquée» pour décontaminer d’importants secteurs de la plaine. «Le service de l’environnement a aussi fait part de son inquiétude face à une maîtrise insuffisante des effets du projet sur la nappe phréatique, qui pourrait remonter et emporter les polluants jusque dans le Léman», détaille le chef de service.

Le coût articulé pour cette troisième correction du Rhône est de 3,6 milliards de francs, «mais en réalité il est de plus de 5 milliards», précise-t-il encore. Le devis ne comprend pas les coûts non subventionnés, comme par exemple l’amélioration de l’accès au Rhône pour la population, la décontamination des sites pollués ou encore les mesures de compensation des SDA.

«Lacunes» du projet

De son côté, l’association de défense du sol agricole (ADSA) salue la démarche du Conseil d’État. «Ce rapport démontre que le projet R3 tel que développé jusqu’à présent n’est pas approprié pour répondre aux défis et aux besoins du Valais», écrit-elle dans un communiqué.

Les milieux agricoles resteront vigilants quant au développement futur du projet. Ils se disent également «partagés entre des sentiments de satisfaction et d’inquiétude». De satisfaction parce que le rapport confirme «les lacunes et les faiblesses de ce projet», d’inquiétude parce que «la sécurité des Valaisannes et Valaisans n’est toujours pas assurée dans la plaine du Rhône après 20 ans d’études».

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