Loup. Cadavres de moutons déposés à Lausanne
Des éleveurs de St-Barthélémy, près d’Echallens, sont venus déposer les cadavres de douze moutons devant le siège du gouvernement vaudois à Lausanne samedi 6 avril en fin de matinée. «Ces moutons ont été tués cette nuit», a dit Éric Herb, à Keystone-ATS.
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Dans ce village du Gros-de-Vaud, situé en plaine à une vingtaine de kilomètres de Lausanne, les loups font des ravages, selon la dizaine d’éleveurs rassemblés samedi 6 avril sur la place du Château. Pour Éric Herb, membre du comité de l’association romande pour la régulation des grands prédateurs, «il faut maintenant vraiment bouger».
«Dix-sept moutons ont été tués il y a une dizaine de jours à Poliez-Pittet, treize cette nuit, deux dans la nuit de mardi à mercredi: cela devient la catastrophe», a souligné Éric Herb.
"On ne peut pas cohabiter"
«Les éleveurs sont restés gentils pour le moment, mais cette fois il y a trop». Ils entendent augmenter la pression sur le conseiller d’Etat vaudois vert, en charge du Département de l’environnement et de la sécurité, Vassilis Venizelos.
On pouvait d’ailleurs voir sur place un panneau «Vassilis démission», selon un photographe de Keystone-ATS.
La police, qui attendait les manifestants, a bouclé la place du Château en en bloquant l’accès. Après une brève négociation, ils ont permis aux éleveurs de mener leur action et de déposer les dépouilles des bêtes sur des bâches au pied du Château St-Maire.
«On en a marre, nous voulons que le loup soit tué, a dit sur place à Keystone-ATS, Patrick Perroud, boucher-agriculteur à Oulens. On ne peut pas cohabiter, notre territoire est trop petit».
Les éleveurs disent ne plus dormir: «On va voir nos bêtes toutes les nuits».
L’action des éleveurs contre le loup est soutenue par l’UDC Vaud.
Colère comprise
Contacté par Keystone-ATS, le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos a dit «comprendre la colère des éleveurs qui font face à la pression des prix et au changement climatique. Le loup est un facteur de pression supplémentaire. Dans ce domaine hautement émotionnel, on a besoin d’apaisement», estime-t-il.
«Le Conseil d’Etat a déjà adopté un plan d’action qui sera mis à jour: la régulation à l’aune du droit fédéral, la protection des troupeaux et le monitoring», a rappelé le ministre. «Nous nous appuyons sur ces trois leviers qui permettront de sortir d’une phase de transition», alors que le canton a vu une grande montée du nombre de loups.
«L’individu qui serait à l’origine des attaques de cette nuit a fait l’objet d’une autorisation de tir, valable jusqu’au 30 avril», a précisé le conseiller d’Etat à l’émission Forum de la RTS. Les garde-faune vont déployer des moyens supplémentaires ces prochains jours, a-t-il ajouté.
Autres moyens que les tirs
L’action a provoqué d’autres réactions, dont celle d’Avenir Loup Lynx Jura qui compatit avec l’éleveur pour la prédation commise durant la nuit de vendredi à samedi. Mais estime que l’emploi des clôtures électrifiées «normales» est malheureusement insuffisant.
Pour une protection efficace, il est nécessaire de conjuguer indifféremment deux des trois moyens suivants, a déclaré le président de l’association Éric Jaquet à Keystone-ATS: des barrières électrifiées pour les loups, des chiens de protection, un berger et/ou OPAL.
D’autres moyens «modernes» peuvent être essayés parallèlement. Cependant, le moyen le plus efficace est de rentrer (quand c’est possible) les troupeaux la nuit, souligne Éric Jaquet. Cette solution ne doit pas être négligée puisqu’en plus d’être infaillible, elle permet aux patous et aux hommes de se reposer. Il faut que les éleveurs protègent leurs animaux, comme les poules dans un poulailler», image-t-il.
Dangerosité infime
Insister sur la proximité des habitations n’a pas d’autre but que de jouer à apeurer la population. Il est scientifiquement reconnu que, si la dangerosité du loup pour l’homme n’est pas totalement nulle, elle est si infime que le craindre est ridicule, selon Avenir Loup Lynx Jura.
Réclamer le tir par des chasseurs peut être compris sous le coup de l’émotion, mais c’est illégal et contreproductif. L’association rappelle que le loup est une espèce protégée et qu’il n’est plus possible de l’éradiquer.