Martin Pidoux, directeur de Prométerre
Aujourd’hui à 00:00
Sur la question des autoroutes, l’agriculture ne parle pas d’une voix unanime. Certaines associations, comme l’USP et Prométerre, soutiennent le projet soumis au peuple le 24 novembre. D’autres combattent cette extension des autoroutes. Rappelons tout d’abord que ces divergences d’opinions sont consubstantielles à la vie d’associations démocratiques. Elles démontent leur vitalité et leur bon fonctionnement. Effectivement, rien de plus normal à ce que la très grande majorité des professionnels s’opposent à des initiatives extrêmes avec des conséquences négatives sur l’agriculture. Rien d’étonnant non plus à ce que les paysans présentent des opinions divergentes, voire opposées, lorsqu’il s’agit d’objets de portée universelle qui ne ciblent pas l’agriculture spécifiquement.
Le comité de Prométerre a ainsi pris connaissance du projet d’extension des autoroutes, puis a procédé à une pesée des arguments pour ou contre celui-ci. Certains jugeaient que la protection des terres cultivables est une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. En définitive, une majorité a estimé que le désengorgement des routes secondaires, particulièrement problématique pour les professionnels agricoles de la région, primait sur des pertes de terres relativement peu importantes.
En outre, l’argument du développement du réseau routier, et pas uniquement des lignes de train, a joué un rôle pour des représentants de régions mal connectées aux grands nœuds ferroviaires. La question de la communication a aussi été abordée puisque nos adversaires n’hésiteront pas à pointer du doigt le fait que l’agriculture donne au bitume les hectares qu’elle a refusés à la biodiversité le 22 septembre. Ils oublieront pourtant de mentionner qu’il s’agissait de près 900 000 hectares qui auraient, dans ce cas, été destinés à la promotion de la biodiversité, alors que l’on parle pour cet arrêté sur les autoroutes de trois hectares en Suisse romande et d’une dizaine d’hectares en Suisse.
Depuis plusieurs années, nos faîtières se battent régulièrement contre des initiatives extrêmement problématiques pour la production agricole. Sur les initiatives antiphytos, contre l’élevage intensif et biodiversité, la très grande majorité des membres de nos associations ont exprimé un avis sans ambiguïté. Il en sera de même si, à l’avenir, de nouvelles initiatives irréalistes devaient voir le jour. À nouveau, l’agriculture parlera d’une même voix et mettra tout son cœur à convaincre la population d’adopter son point de vue.
S’agissant de l’élargissement des routes nationales, la question centrale à se poser ne concerne pas la production agricole qui ne sera, pour ainsi dire, pas impactée. Il s’agit de voter sur la mobilité! Et Prométerre y voit plus d’avantages que d’inconvénients.
-> Edito paru dans l’édition papier du 1er novembre 2024.