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Cultures

Forêt. L’innovation au cœur de l’attention

La Journée internationale des forêts aura lieu le 21 mars. L’accent portera, une nouvelle fois, sur l’importance d’une gestion sylvicole respectant les consignes de durabilité, l’innovation sera le thème central proposé pour cette journée 2024.

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Comm.

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19 mars 2024 à 11:27

Temps de lecture : 5 min

La forêt est innovante, affirme le communiqué de ForêtSuisse publié mardi 19 mars. Par le passé, elle a toujours trouvé des solutions pour s’adapter aux conditions changeantes de son environnement, tant sur le plan génétique que sur celui de la composition de ses peuplements. Néanmoins, pour de nombreuses essences principales, les changements climatiques actuels sont trop rapides.

À cela s’ajoutent l’arrivée de nouvelles espèces et d’agents pathogènes qui complexifient la donne pour des arbres déjà affaiblis, avec des conséquences sur la stabilité et la santé de la forêt, mais aussi sur la nôtre, à nous les humains.

L’humain exige beaucoup de la forêt. Elle doit protéger les bâtiments et les routes des dangers naturels, fournir la matière première renouvelable qu’est le bois, fixer le CO2 et offrir de la détente lors de nos promenades sous son feuillage frais. Enfin, elle est un habitat pour 40% des espèces présentes en Suisse. Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux services écosystémiques fournis par la forêt. Pour soutenir la forêt dans sa capacité d’innovation, les 250’000 propriétaires forestiers suisses gèrent la leur de manière ciblée et proche de la nature, selon les principes du développement durable.

Innovation dans l’utilisation du bois

Dans le cadre du programme de recherche «Forêts et changements climatiques» de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), des chercheurs ont démontré que l’épicéa suisse s’est «fortement adapté au climat local de son lieu de croissance au cours des derniers millénaires».

En même temps, il réagit de manière sensible à la hausse des températures et résiste moins bien à la sécheresse que le sapin. Il en va de même pour le hêtre, qui est, avec l’épicéa, l’une des deux espèces d’arbres les plus fréquentes dans les forêts suisses.

La forêt a besoin de soutien, et la recherche propose des solutions innovantes en la matière. Par exemple, une idée consiste à planter des épicéas provenant de régions chaudes dans des sols actuellement plus frais. Cela permettrait de gagner du temps pour au moins une génération d’arbres, jusqu’à ce que cette essence s’adapte naturellement.

Par ailleurs, des essais de plantation contrôlés sont menés par le WSL dans toute la Suisse afin d’étudier les espèces et origines d’arbres les plus aptes à s’adapter au changement climatique.

L’innovation par la recherche ne représente cependant que la moitié de la solution. Les exploitants forestiers et l’industrie du bois doivent aussi suivre le mouvement, car le changement climatique entraîne une modification de la composition des forêts. Dans celles de montagne actuellement dominées par les conifères, les feuillus prospéreront davantage. L’épicéa, en raison de sa sensibilité à la sécheresse, sera plus vulnérable aux attaques de scolytes. Les entreprises de transformation du bois sont encouragées à délaisser l’épicéa, qui est actuellement largement utilisé, et à se tourner vers le bois d’autres essences telles que le sapin ou les feuillus.

Innovation au sein des structures

Pour faciliter les innovations dans la gestion forestière, il faut créer des structures d’avenir à l’échelon des exploitations forestières. Le paysage forestier suisse se caractérise par ses petites structures. Ainsi, les propriétaires de forêts privées possèdent en moyenne à peine 1,4 hectare (soit environ deux terrains de football), tandis que les propriétaires publics en détiennent en moyenne 250 hectares. De nombreux propriétaires forestiers publics se sont regroupés en structures d’exploitation plus importantes ou confient la gestion de leurs forêts à des entreprises.

Ces dernières années, le nombre de collaborations entre exploitations forestières a nettement augmenté. L’analyse des résultats économiques en fonction de la forme d’organisation montre que le bénéfice des groupements et coopérations est plus élevé que celui des exploitations individuelles, tant en ce qui concerne l’exploitation forestière qu’au niveau du compte général de résultats. Il ne faut pas oublier que la gestion des forêts en Suisse reste déficitaire malgré de nombreux efforts. Le dépouillement des résultats du Réseau d’exploitations forestières (REF) effectué par ForêtSuisse, montre que la forme d’organisation et la capacité d’innovation ont une influence sur la rentabilité de ces exploitations.

Innovation dans les conditions cadres

Pour répondre aux enjeux auxquels est confrontée l’économie forestière suisse, le conseiller aux états Daniel Fässler, président de ForêtSuisse, a déposé en 2020 la motion «Garantir un entretien et une exploitation durables des forêts». Celle-ci a assuré des contributions financières de 25 millions de francs par an sur une période de quatre ans (2020-2024). Les cantons ont, de leur côté, alloué le même montant. Cet argent doit aider les gestionnaires des forêts suisses à compenser la détérioration des conditions cadres due au changement climatique et les déficits d’entretien sylvicole mis en lumière par l’Inventaire forestier national (IFN). Ces fonds sont très importants pour la mise en œuvre d’innovations et restent indispensables si l’on veut que la forêt puisse continuer à fournir ses multiples prestations.

Avec une autre motion de Daniel Fässler, «Forêt. Une adaptation rapide au changement climatique est urgente», les contributions financières pour l’adaptation de la forêt au changement climatique doivent être maintenues au-delà de 2024. Les cantons ont déjà fait part d’un grand besoin et soutiennent la motion. En décembre 2023, la Chambre haute l’a clairement approuvée. Le Conseil national en débattra prochainement.

L’addition de structures forestières orientées vers l’avenir, des moyens financiers et des idées de la recherche est un gage d’innovations pour notre forêt, innovations qui constituent la clé de peuplements futurs en bonne santé, stables et adaptés au climat.

La Journée internationale des forêts a été instaurée en 1971 par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en réponse à la déforestation mondiale. Elle se tient traditionnellement le 21 mars (début du printemps), avant que la plupart des arbres débourrent et se préparent à épanouir leur feuillage pour une nouvelle saison de végétation.