Agronomie. Le haricot favorise la "résistance associative" des plantes
Des biologistes de l’Université de Neuchâtel (UniNE) ont publié deux études sur l’impact écologique du haricot dans l’agriculture. Elles révèlent notamment que le nectar qu’il produit contribue indirectement à la bonne santé de plants de maïs cultivés à proximité.
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ATS
9 avril 2025 à 16:58
Le haricot Phaseolus vulgaris constitue une source de nourriture précieuse à l’échelle mondiale, d’où l’intérêt d’envisager sa culture dans une perspective la plus durable possible. C’est l’objectif d’un groupe de recherche de l’UniNe dirigé par Betty Benrey, professeure de biologie retraitée, mais encore à la tête de projets dont émanent les deux présentes études.
La première, menée par le post-doctorant Patrick Grof-Tisza, a pour contexte la milpa, un système de culture mixte originaire de Méso-Amérique. Elle combine sur une même parcelle des plants de haricot, de maïs et de courge, afin d’améliorer la lutte naturelle contre les parasites grâce à des interactions entre ces trois plantes.
Les scientifiques ont ainsi découvert que le nectar extrafloral (EFN) produit par Phaseolus vulgaris nourrit des guêpes parasitoïdes qui vont pondre des œufs dans une chenille ravageuse du maïs. De plus, des substances volatiles d’origine végétale (HIPV) dont la production est déclenchée par des insectes herbivores du maïs ont pour effet d’augmenter encore la sécrétion d’EFN, formant un cercle vertueux de défense des plantes.
«Ces résultats révèlent une nouvelle stratégie de résistance associative qui pourrait guider le développement de systèmes de culture durables avec une meilleure suppression des ravageurs», souligne Betty Benrey, citée mercredi 9 avril dans un communiqué de l’UniNE.
Une part d’ombre
Quant au deuxième résultat, il provient d’une étude conduite par le doctorant Camilo Rivera. Son travail porte sur les racines du haricot et une relation mutualiste avec une bactérie en apparence bénéfique.
Cependant, la symbiose de la plante avec le rhizobium, une bactérie du sol connue pour aider les racines à fixer de l’azote, nutriment primordial des végétaux, a sa part d’ombre. En effet, cet apport accru d’azote forme des nodules dans les racines qui attirent davantage de larves herbivores ravageuses Diabrotica balteata.
«Les larves préfèrent non seulement les racines nodulées, mais leur croissance et leur survie sont également améliorées lorsqu’elles s’en nourrissent», précise la professeure de biologie. Une analyse chimique a montré que les composés organiques volatils émis par les racines nodulées signalent probablement une valeur nutritionnelle plus élevée, ce qui oriente la préférence des larves.
Mais tout espoir n’est pas perdu pour le haricot. Certaines études suggèrent que les plantes pourraient compenser cette vulnérabilité en modulant leurs émissions des substances de façon à attirer d’autres microbes bénéfiques, ainsi que des ennemis naturels du ravageur, capables de limiter les dégâts. Ces travaux sont publiés dans les revues Plant, Cell & Environment et New Phytologist.