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Suisse

Étude. Le loup se nourrit surtout d’animaux sauvages

En Suisse, 83% des proies consommées par les loups sont des animaux sauvages et 17% des animaux de rente, selon les résultats d’une étude nationale menée entre 2017 et 2022 en Suisse et publiée le 1er juin par la fondation Kora.

Les ongulés sauvages sont les principales proies du loup.iStock

Martin Bernard

Martin Bernard

3 juin 2024 à 09:34, mis à jour à 15:18

Temps de lecture : 3 min

Les ongulés sauvages – cerfs, chamois et chevreuils – représentent environ 74% des proies du loup. Parmi les animaux de rente, l’espèce la plus fréquemment consommée est le mouton (11,3%). Bovins et équidés (par ex. les ânes) sont nettement moins souvent mangés. Par rapport à ce qui se passe dans d’autres régions comme l’Europe du Sud et de l’Est, le loup consomme plutôt peu de sangliers en Suisse, note la fondation Kora dans son étude.

Les variations saisonnières influent également sur les préférences alimentaires du loup. En été en particulier, pendant la période d’estivage, la part des animaux de rente dans son alimentation augmente. La différence de moutons consommés entre l’été (14,6%) et l’hiver (8,7%) atteint presque 6%.

Méthode d’analyse

L’analyse de Kora repose sur la méthode de métabarcoding de l’ADN, qui permet d’attribuer des fragments d’ADN à l’espèce animale ou végétale correspondante. Kora a utilisé l’ADN extrait d’échantillons de crottes de loups pour identifier les proies qu’elles contenaient. Entre 2017 et 2022, 445 échantillons de fèces de loups ont été collectés, dont 347 contenaient des fragments interprétables d’ADN d’autres espèces animales. La fondation Kora estime que les résultats – 459 aliments constatés au total – sont «robustes», bien qu’une contamination avec de l’ADN d’autres espèces (notamment d’animaux de rente, dont l’ADN est présent partout dans notre environnement) «ne puisse être totalement exclue».

L’étude du régime alimentaire des loups a été menée dans le cadre des projets du Kora de monitoring et gestion intégrés et «Wolves and Cattle». Elle fait partie d’un projet de recherche doctoral mené en collaboration avec l’Université de Lausanne. Les échantillons ont été collectés avec l’aide de gardes-faune cantonaux et de particuliers. Les analyses ont été réalisées au Laboratoire de biologie de la conservation (LBC) de l’Université de Lausanne. Kora est une fondation nationale intimement liée aux cantons et à d’autres organismes publics, notamment à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui est son principal donneur d’ordre.

Conclusions en question

Dans un communiqué, l’association suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs (ASPTcontreGP) a réagi aux conclusions de l’étude du Kora. Elle souligne notamment que le loup ne consomme qu’une partie des bêtes qu’il tue. «Lors d’attaques sur les troupeaux de moutons, les loups peuvent facilement tuer dix moutons en une attaque. Seule une petite quantité de viande d’un seul mouton est ensuite consommée. Il faut en tirer la conclusion que le chiffre de l’étude Kora est faussé. Il indique le pourcentage de viande d’animaux de rente consommé, mais pas le pourcentage d’animaux de rente réellement tués par les loups», soutient l’ASPTcontreGP.

L’association relève aussi que le loup ne contribuera pas à réduire les dommages aux cultures agricoles causés par les sangliers. Selon l’étude de la fondation Kora, en effet, ces derniers ne représentent qu’1,7% du régime alimentaire du loup. Par conséquent, «croire à un équilibre naturel en remplaçant les chasseurs par le loup est totalement utopique», conclut l’ASPTcontreGP.