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Cultures

Recherche. Les plantes exotiques favorisent la propagation d’insectes invasifs

Une étude internationale montre que les plantes non indigènes introduites en Suisse facilitent l’installation de la punaise marbrée et d’autres insectes invasifs, en dépit des mesures de biosécurité en place.

La présence de plantes exotiques intensifie celle des insectes envahissants, ici la punaise marbrée (Halyomorpha halys).Agroscope (Arnaud Conne)

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6 novembre 2024 à 11:55

Temps de lecture : 2 min

Pour l’agriculture, la sylviculture ou à des fins ornementales, d’innombrables espèces de plantes ont été introduites dans des pays, voire des continents, où elles n’étaient pas présentes auparavant.

Certaines d’entre elles sont devenues envahissantes et se répandent au détriment de la flore indigène. Une équipe de recherche internationale impliquant l’Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) vient de découvrir que leur présence intensifie celle des insectes envahissants.

Ceci s’explique par le fait que les insectes ont tendance à s’installer dans de nouvelles zones lorsque leurs plantes hôtes y sont déjà présentes. Ces dernières servent donc en quelque sorte de «tremplin» aux insectes pour s’établir et se propager, explique l’étude.

La «punaise puante»

La punaise marbrée (Halyomorpha halys), un insecte asiatique apparu pour la première fois en Suisse à Zurich en 2004, en est un exemple notable. En automne, cet insecte s’abrite souvent dans les habitations pour échapper au froid, laissant derrière lui une odeur désagréable qui lui vaut le surnom de «punaise puante».

D’après le Dr. Eckehard Brockerhoff, entomologiste au WSL et co-auteur de l’étude, sa propagation dans le pays est due en partie à la présence de plantes exotiques comme l’ailante (Ailanthus altissima) et le buddléia de David (Buddleja davidii), également originaires d’Asie de l’Est.

Nouvelles opportunités d’invasion

L’équipe de recherche met en garde contre un risque croissant d’invasions futures, attribué à une «dette d’invasion» : de nombreuses plantes non indigènes, déjà bien implantées hors de leur zone d’origine, pourraient offrir de nouvelles opportunités d’invasion à d’autres espèces nuisibles venues des mêmes régions. Ce phénomène est amplifié par les échanges commerciaux intercontinentaux, qui complexifient le contrôle des introductions.

Les scientifiques soulignent l’importance des mesures de biosécurité pour limiter ce type d’invasions. Bien que la Suisse et l’Europe aient mis en place diverses réglementations et contrôles aux frontières, ils estiment qu’une vigilance accrue reste nécessaire.

Eckehard Brockerhoff recommande par ailleurs l’adoption de plantes indigènes par les propriétaires de jardins, pour réduire l’impact de ces espèces envahissantes. Dans cette optique, la Suisse a récemment interdit la vente de certaines plantes non indigènes, telles que le palmier chanvre (Trachycarpus fortunei), afin de limiter leur impact sur les écosystèmes locaux.